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Haïti : Se Battre ou Capituler

  • Photo du rédacteur: Renouvo Demokratik
    Renouvo Demokratik
  • 1 avr.
  • 3 min de lecture

Par : Michel Legros,

Sitwayen pou Respè Konstitisyon.

Baillergeau vient de tomber. À Debussy, policiers et brigades abandonnent déjà leurs positions. Si rien ne les arrête, les gangs seront bientôt devant Canapé-Vert. L’effondrement de l’aire métropolitaine s’accélère sous nos yeux, et la Police Nationale d’Haïti (PNH), dépassée, semble incapable de contenir l’avancée des groupes armés.

Dans l’Artibonite, trois blindés ont été capturés. On estime qu’au moins une quinzaine de policiers armés devraient se trouver à bord. Pourquoi ne se sont-ils pas battus ? La question mérite d’être posée. C’est exactement ce qui s’est produit à Delmas 19 — et qui semble désormais se généraliser : un refus de combattre, un désengagement assumé.

Nous appelons Fritz Alphonse Jean, président du CPT, et Didier Fils-Aimé, chef du gouvernement et du CSPN, à sortir de leur aveuglement volontaire. Fermer les yeux sur le danger ne le fera pas disparaître.

Il est temps de préparer la reconquête. Le directeur général de la PNH, Normil Rameau, fait fausse route. Il agit comme un chef de pompiers, pas comme le commandant en chef de notre principale force armée. Il devrait savoir qu’il ne peut efficacement, avec un effectif si réduit, combattre sur plusieurs fronts à la fois. Il lui faut faire des choix tactiques et l'esprit de décision.

La reconquête de la zone métropolitaine doit être méthodique — quartier par quartier, sans perdre de nouvelles zones. Normil Rameau doit viser une première victoire, puis une deuxième, pour restaurer la confiance dans les troupes. En attendant, tout s’écroule autour de lui — non par manque de bonne volonté, mais par entêtement dans l’erreur et absence de stratégie.

Pendant que cette débâcle se poursuit, Washington réitère ses promesses. Le secrétaire d’État Marco Rubio aurait assuré au président du CPT que les États-Unis allaient venir en aide à la PNH. Une promesse que l’on entend depuis au moins trois ans, tandis que la situation se dégrade et que les gangs progressent.

Mais lorsqu’il s’agit de la Mission de Sécurité Multinationale (MSS), les paroles se transforment en actes. Pourtant, cette mission n’est pas motivée par des impératifs de sécurité. Si tel était le cas, elle serait déjà pleinement déployée, équipée, et composée des 2 500 hommes annoncés depuis deux ou trois ans. Or, elle reste incomplète, sous-équipée, et incapable de faire reculer Viv Ansanm — une impuissance qui, au fond, paraît intentionnelle.De toute façon, lorsqu'ils veulent régler une question, ils viennent avec leur propre troupe qui peut aller jusqu'à 23 000 hommes.

Demain, après la chute totale de la zone métropolitaine, la MSS se déploiera en province pour une guerre d’usure qui pourrait durer dix ans. Et c’est peut-être cela, le vrai plan.

Avec un budget initial de 350 millions de dollars par an, la MSS devient un projet lucratif pour ses promoteurs. Sur une décennie, cela représente une bien rondelette somme. Et pour cela, toute solution nationale est systématiquement écartée. On refuse de renforcer la PNH et les FAD’H, les empêchant de se développer et de devenir opérationnelles. L’international ne veut pas que Viv Ansanm soit vaincu. Point final. Il faut avoir le courage de le dire. Et surtout, de comprendre pourquoi.

La première raison est économique : plus le chaos dure, plus il rapporte.Mais la seconde est plus grave encore par son indécence. Nous y reviendrons dans un instant.

À cette crise interne s’ajoute une menace extérieure. Donald Trump a annoncé, dès sa campagne, la fin du programme humanitaire de Joe Biden. Entre 200 000 et 220 000 Haïtiens sont concernés et pourraient être expulsés d’ici un mois. Le non-renouvellement du TPS place plusieurs dizaines de milliers de compatriotes dans l’illégalité, les rendant expulsables à tout moment. Peut-on sérieusement croire qu’Haïti, dans son état actuel, pourrait absorber un tel retour massif ? Ce serait une catastrophe.

Alors pourquoi nous écrase-t-on chez nous avec une telle brutalité ?Nous avons déjà répondu à cette question — et venons encore de le faire.En même temps, on nous expulse ailleurs — comme ces cent cinquante mille Haïtiens refoulés de la République Dominicaine.

Mais pourquoi, au-delà des seuls intérêts financiers, refuse-t-on aux Haïtiens le droit de se battre efficacement contre les gangs ? Parce qu’il y a derrière cela un projet inavoué : négocier avec Viv Ansanm.

Les diplomates accrédités en Haïti nous l'ont toujours dit. Tous, quand ils ne l’affirment pas ouvertement, le suggèrent dans leurs regards, leurs allusions. Certaines ONG militent aussi dans ce sens depuis des années. Le message est clair : il faut dialoguer avec les gangs.

Mais avec qui exactement ? Peut-on considérer Barbecue comme un interlocuteur fiable ? Et qui représenterait la nation ou l’État dans cette affaire ? Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), sans légitimité, sans autorité, sans mandat populaire, sans crédit ?

Et pourtant, c’est vers cette impasse qu’on nous pousse.La guerre est donc inévitable.Reste à savoir si nous aurons les hommes pour la mener. Le temps presse, messieurs Jean et Fils-Aimé.

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