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Lettre Ouverte à ceux qui Prétendent nous Gouverner

  • Photo du rédacteur: Renouvo Demokratik
    Renouvo Demokratik
  • 25 mars
  • 7 min de lecture

Par : Kervens Louissaint,

Citoyen libre, meurtri, éveillé et sans peur

Enfant de l’avenir.

Gardien de la mémoire collective.

Fils de la Révolution.

Frère des oubliés.

Héritier de Capois-la-Mort.

Dépositaire de la colère de Dessalines,

et voix des sans-voix.

À vous,

Membres du Conseil Présidentiel de Transition,

À vous, gouvernants de facto,

À vous, oligarques criminels déguisés en notables respectables,

À vous, diplomates complices en costume-cravate,

À vous, puissances internationales qui prétendez « aider » un peuple que vous piétinez,


Je vous écris avec une plume trempée dans l’amertume et la colère — une colère née des entrailles mêmes de notre nation. Je m’adresse à vous non pas pour supplier, mais pour demander des comptes. Je ne viens pas chercher la paix : je viens chercher la vérité. Je ne suis pas venu faire semblant de croire à vos fausses solutions. Je suis venu vous demander : que se passe-t-il, nom de Dieu, dans notre pays? C’est quoi, le problème? Pourquoi tant de souffrances? Pourquoi nos enfants n’ont-ils plus de futur? Pourquoi chaque jour est-il une loterie entre le viol, l’enlèvement, la famine ou la mort?

Alors, membres du CPT, gouvernants de l’ombre : répondez-nous. EXPLIQUEZ-NOUS CE QUI SE PASSE. Pourquoi cette impression que tout est fait pour que le peuple haïtien soit continuellement humilié, piétiné, infantilisé? Pourquoi chaque génération haïtienne doit-elle apprendre à survivre dans l’humiliation? Pourquoi, malgré nos richesses, notre histoire, notre génie, rien ne tient debout?

Dites-le une bonne fois pour toutes : pourquoi, après Dessalines, Capois-la-Mort, Charlemagne Péralte, sommes-nous réduits à des mendiants diplomatiques? Pourquoi sommes-nous un peuple qui attend que la Banque mondiale lui dise comment nourrir ses enfants? Pourquoi, deux siècles après avoir vaincu l’esclavage, sommes-nous esclaves d’un chaos importé, entretenu, financé, instrumentalisé? Pourquoi sommes-nous le seul peuple dont le plus grand rêve est de fuir sa propre terre natale?

Alors dites-nous, messieurs et mesdames du chaos contrôlé : pourquoi, depuis 1986, aucun président n’a eu le courage, la colonne vertébrale, l’amour réel du peuple pour poser un vrai acte de rupture? Où allons-nous? Quel est le plan? Qui l’écrit? Pour qui? Et vous osez parler de « solution inclusive »? Où est-elle? À quoi correspond exactement votre feuille de route? Quel est le calendrier réel pour une réforme constitutionnelle, judiciaire et institutionnelle profonde? Quels engagements précis avez-vous pris envers la population? Qu’avez-vous fait, concrètement, pour rétablir l’État? Et pourquoi les décisions stratégiques du Conseil sont-elles prises en vase clos, sans consultation citoyenne ni transparence? Quels accords, protocoles ou promesses ont été signés ou négociés sans le consentement éclairé du peuple haïtien? À qui profite cette transition sans fin, cette mascarade institutionnelle? Sur quelle légitimité repose le Conseil présidentiel de transition, et qui en a défini les modalités de composition? Et surtout : POUR QUI TRAVAILLEZ-VOUS?

Les faits sont là : un peuple saigné à blanc. Une jeunesse désespérée. Un territoire livré aux marchands d’armes, aux trafiquants d’influence, aux corrupteurs et aux puissances étrangères. Une République sans État, sans justice, sans projet commun.

Devant ce constat, le silence n’est plus une option. L’histoire est en train de se faire et elle regarde.

À vous qui prétendez diriger, gouverner, représenter : répondez au pays. Répondez aux morts sans sépulture. Répondez aux enfants sans école. Répondez aux familles en errance. Répondez au feu sacré de 1804 qui, malgré tout, brûle encore dans les veines de ce peuple debout.

Répondez-nous : à quoi bon un État qui ne protège personne? À quoi bon des ministres sans ministère, des juges sans justice, des « présidents » sans élections, des policiers sans loi, des plans sans nation?

Alors dites-nous maintenant, pendant qu’il est encore temps :

Vous nous demandez de la patience? Patience pendant que les ports privés laissent passer des containers de mort?

Vous nous demandez d’ouvrir les yeux — mais nous les avons ouverts depuis longtemps. Trop grands. Tellement qu’on ne dort plus. Tellement qu’on voit trop clair. Ce que nous voyons, ce n’est pas l’espoir : c’est l’effondrement total de la République. Trop de sang. Trop de trahisons. Trop de « solutions » qui ne résolvent rien. Vous nous avez crevé les yeux à force de nous répéter que ça ira mieux. Mais ça ne va pas mieux. Ça empire.

Alors dites-nous, messieurs et mesdames du chaos contrôlé : pourquoi l’État n’a-t-il aucun contrôle sur ses ports, ses douanes, ses frontières, ni sur les mines de son propre territoire? Pourquoi aucun des grands patrons, financiers ou politiciens ayant financé les gangs n’est-il inquiété par la justice? Pourquoi aucun audit des banques impliquées dans le blanchiment n’a-t-il été publié? Pourquoi aucune mesure radicale n’a-t-elle été prise contre les oligarques responsables? Pourquoi le peuple haïtien n’a-t-il toujours pas voix au chapitre? Pourquoi aucune nouvelle Constitution, ni réforme judiciaire, ni programme de sécurité réel n’a-t-il vu le jour depuis votre arrivée? Et pourquoi rien ne change?

Vous discutez de calendrier électoral pendant que nos enfants sont égorgés. Vous êtes là, à organiser des tables rondes diplomatiques pendant que des femmes sont éventrées, violées dans les ruelles sombres de nos quartiers abandonnés. Vous produisez des communiqués pendant que des centaines de milliers de familles dorment dehors — déplacées, humiliées, sans pain, sans abri, sans espoir. Vous distribuez des promesses pendant que les gangs distribuent la mort. Et vous vous étonnez que plus personne ne croit en vous?

On ne vous croit pas. Parce que tout ce que vous touchez pourrit. Vous êtes devenus des gestionnaires d’abattoir. Vous recyclez des criminels, des visages usés, des alliances dégoûtantes, des demi-mesures, des pactes obscurs, des promesses creuses. Vous supervisez le dépeçage d’un pays bicentenaire. Un pays sans gouvernement élu. Un peuple sans protection. Des ports sans douane. Des banques sans traçabilité. Des élites sans conscience.

Et pendant ce temps, chaque jour, Haïti se vide. Physiquement. Psychologiquement. Spirituellement. Ce pays est en train de devenir un souvenir. Tout a été vendu, bradé, falsifié, pollué. Le drapeau flotte encore, mais ce n’est qu’un tissu sans nerf, sans colonne, sans volonté.

Et pourtant, on tient encore debout. Par miracle. Par rage. Par mémoire. Et malgré tout cela, vous continuez à jouer à la politique… Comme si ce pays était un échiquier. Comme si la nation pouvait se reconstruire sur des deals obscurs entre clans économiques, ambassades étrangères et notables recyclés. Mais ce n’est pas un pays que vous gérez — c’est une plaie béante. Vous ne dirigez pas une nation, vous administrez une fosse commune.

Vous croyez que le chaos vous protège.

Vous croyez que les gangs sont vos boucliers.

Vous croyez que la peur est une politique.

Mais vous oubliez une chose : la peur aussi s’use. La résignation aussi a une date de péremption.

À bon entendeur, salut !

Est-ce ça, votre vision de la transition?

Une mascarade institutionnelle. Un Conseil de sept têtes sans colonne vertébrale, censé conduire un peuple de plus de 12 millions d’âmes vers la lumière?

Mais où est votre lumière? Où sont vos actes? Où est votre courage? Où est votre putain de boussole morale?

Où est passé l’État?

Celui de Jean-Jacques Dessalines, qui proclamait que le sol d’Haïti n’appartiendrait jamais à l’étranger?

Celui de Charlemagne Péralte, qui préféra mourir que céder?Celui de Catherine Flon, qui cousit notre drapeau avec son propre courage? Où est ce pays?

À ce stade, le peuple est en train de craquer. Et quand il craquera pour de bon, ce ne sera pas pour supplier. Ce sera pour réclamer, arracher, reprendre.

La terre. La mémoire. L’honneur.

Et si vous nous demandez :

« Mais que voulez-vous à la fin? »

Nous vous répondrons : Nous voulons vivre. Point. Pas survivre. Pas mendier. Pas fuir. Vivre. Dignement. Chez nous.

Nous voulons :

1. Une Constitution qui ne soit plus un piège à illusions, mais un pacte réel entre les peuples d’Haïti.
2. Un État qui ne protège plus les voleurs, mais les enfants.
3. Une justice qui ne soit pas une marchandise.
4. Une presse libre qui informe au lieu de désinformer.
5. Des campagnes irriguées, des ports publics, des hôpitaux accessibles, et des écoles pour tous.
6. Une armée populaire pour défendre le territoire, pas pour mater la contestation.
7. Une économie fondée sur la terre, la mer, le soleil et l’intelligence — pas sur les transferts de la diaspora et les ONG.

Et si cela vous semble impossible, c’est que vous ne méritez pas d’être là. Car le pays réel, lui, y croit encore. Nous n’avons plus besoin de conférences de presse. Nous n’avons pas besoin de tables rondes, ni de communiqués stériles, ni d’observateurs internationaux. Nous avons besoin de vérité. Nous avons besoin de reddition. Nous avons besoin que le pays cesse d’être un mensonge sur papier, un décor de carton-pâte pour ONG en mission temporaire.

Alors écoutez bien :

Si vous ne reconstruisez pas la nation, le peuple vous la reprendra. Et ce jour-là, il ne demandera pas la permission. Il ne signera pas d’accord. Il n’attendra pas l’approbation d’une quelconque communauté internationale. Il prendra ce qui lui revient : la terre, la justice, la dignité, la souveraineté.

Ceci n’est pas une lettre. C’est un avertissement historique. Car vous serez jugés — non pas par l’ONU, ni par Washington, ni par les ambassades — mais par la mémoire collective de ce peuple invaincu. Par les enfants qui, aujourd’hui, marchent pieds nus, mais qui, demain, vous demanderont des comptes.

Haïti ne mourra pas. Elle saigne, elle pleure, elle titube… Mais elle garde dans ses veines le feu de 1804. Ce feu-là, vous ne pouvez pas l’éteindre. Ce feu-là, c’est la colère sacrée de nos ancêtres. Ce feu-là, c’est nous. Nous qui écrivons, dénonçons, résistons, semons, et préparons.

Le vrai “gang” est en haut, pas en bas. Et les jeunes qui prennent les armes, ce sont les enfants d’un système que vous avez laissé pourrir. Alors, arrêtez de nous faire la morale. Arrêtez de nous dire de « garder l’espoir » quand vous sabotez nos lendemains. Arrêtez de parler de « transition démocratique » alors que vous n’êtes que les gardiens temporaires d’un cadavre institutionnel.

La vérité est la suivante : vous ne contrôlez rien. Ni la sécurité. Ni l’économie. Ni le territoire. Ni le peuple.

Vous êtes là pour gagner du temps, pour calmer l’opinion, pour éviter l’explosion. Mais ce que vous faites, c’est une anesthésie. Et elle ne durera pas. La colère gronde. La mémoire se réveille. Le peuple observe. Et bientôt, il agira.

1 Comment


Guest
Mar 25

Je vous remercie amplement de ces paroles qui émues mon âme. Je suis déraciné de voir mon avenir et ceux d'innombrables jeunes haïtiens se heurtés aux choas. Et,je demande si on a une chance que les choses changent. A force,de réfléchir et voir des cadavres partout commencent à me rendre compliqué fou...car,je croise la mort trop souvent sur ma route ....

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